Expérimentation par l’État de la semaine en 4 jours : à l’heure du bilan, défendons un véritable progrès social

mardi 14 octobre 2025

Communication de la FNEE CGT envoyée au agents le 14 octobre 2025 :

La phase d’évaluation de l’expérimentation de la semaine en 4 ou 4,5 jours est désormais achevée. Comme l’indiquait la note de la DRH du 19 août 2025 qui ne nous a été envoyée avec 2 mois de retard, les services concernés avaient jusqu’au 1er octobre 2025 pour transmettre leurs bilans.

En pleine crise politique, sans pilote à la barre, l’administration entend tout de même consolider ses retours et s’apprête à les présenter aux organisations syndicales.


Pour mémoire, les services concernés :

EN ADMINISTRATION CENTRALE : POUR LES SERVICES DÉCONCENTRÉS :
 Direction du Numérique  DREAL Auvergne-Rhône-Alpes
 Délégation Ministérielle à l’accessibilité  DREAL Bretagne
 Deux services de la DRH  DREAL Occitanie

(La DIR Massif Centrale a abandonné l’expérimentation en cours de route du fait du peu d’agent « volontaire »)


À ce stade, l’administration envisage déjà :

▪️ PROLONGATION TEMPORAIRE : Les agents déjà dans le dispositif peuvent demander à le poursuivre jusqu’au 31 décembre 2025 au plus tard.
▪️ PAS DE NOUVEAUX ENTRANTS : Aucun nouvel agent ne peut rejoindre l’expérimentation durant cette phase de bilan.
▪️ RÉVERSIBILITÉ : Le droit pour un agent de mettre fin à l’expérimentation à tout moment
est maintenu, sur simple information orale et écrite à son chef de service.
▪️ DÉCISION FINALE EN ATTENTE : La pérennisation, la poursuite ou l’abandon du dispositif dépendra des orientations qui seront définies au niveau interministériel après analyse des bilans.

Ce moment est donc crucial. Il nous impose de décrypter la réalité de cette expérimentation en apportant une analyse critique pour défendre nos conditions de travail et un service public accessible et de qualité.

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1. Ce que propose l’administration : une semaine« EN » 4 jours, pas« DE » 4 jours

Le cadre de l’expérimentation est clair : il s’agit de COMPRESSER LE VOLUME HORAIRE ANNUEL (1607 H) SUR MOINS DE JOURS, à effectifs constants (ou plutôt en baisse si on en croit les discussions sur le budget 2026). Cette organisation n’est en aucun cas une avancée sociale puisque le gouvernement ne propose pas de travailler moins, mais de travailler plus chaque jour, allant ainsi à l’encontre des attentes des travailleurs et remettant en cause leur qualité de vie hors travail et en famille.

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2. Notre analyse : les dangers d’une fausse bonne idée

Sous une apparence de modernité, ce dispositif est un leurre qui masque une intensification du travail. Concentrer la charge de 5 jours sur 4 a des conséquences directes et dangereuses :

▪️ DES RISQUES POUR NOTRE SANTÉ : L’allongement des journées de travail augmente la fatigue, le stress et les risques physiques et psychiques. Ce n’est pas un progrès, c’est une mise en danger des agents, générateur de RPS ;
▪️ LA CRÉATION D’INÉGALITÉS : Ce dispositif, basé sur le volontariat, exclut de fait de nombreux collègues et fragmente les collectifs ;
▪️ LA DÉGRADATION DU SERVICE PUBLIC : Une disponibilité réduite des agents et des équipes plus difficiles à coordonner menacent la continuité et la qualité des missions que nous rendons aux usagers ;
▪️ UN RECUL POUR L’ÉGALITÉ FEMMES-HOMMES : Des journées de travail à rallonge sont souvent incompatibles avec les contraintes familiales, qui pèsent encore majoritairement sur les femmes. Ce dispositif risque de renforcer les inégalités professionnelles. La demande de « distinction du genre » dans le bilan montre que l’administration est consciente de ce risque.

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3. Le point de vue des encadrants : une complexité de gestion ingérable

Les encadrants sont pris en étau entre une injonction de « modernisation » et une réalité de terrain qui dégrade le travail de tous. Ils doivent faire face à :

❌ Un véritable casse-tête organisationnel pour planifier le travail, organiser les réunions et assurer la cohésion d’équipe ;

❌ Le report de la charge de travail, les obligeant souvent à compenser les absences pour garantir la continuité du service, alourdissant ainsi leurs propres journées ;

❌ La perte du sens collectif, alors que la note de la DRH demande elle-même d’évaluer l’impact sur les « collectifs de travail ».

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4. Nos revendications : passons à une réelle avancée sociale, les 32 heures

Nous ne devons pas nous laisser enfermer dans le cadre de cette expérimentation.
La CGT défend une seule et véritable avancée sociale :
le passage aux 32 heures hebdomadaires sur 4 jours, sans perte de salaire et pour tous.

C’est un projet de société qui permet de :

  1. TRAVAILLER MIEUX : En réduisant la charge de travail et en préservant notre santé.
  2. CRÉER DES EMPLOIS : Seule une baisse organisée du temps de travail permettra de créer durablement de l’emploi dans la Fonction publique.
  3. MIEUX VIVRE : En permettant à chacune et chacun de mieux et de concilier vie professionnelle et vie personnelle.

Nous exigeons donc l’ouverture de véritables négociations sur la réduction du temps de travail, et non une simple concertation sur les modalités d’aménagement de l’existant.


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📅 Le calendrier imposé par l’administration est une preuve du manque de considération envers les agents et leurs représentants élus avec :

UN BILAN AU PAS DE CHARGE : Demander aux services de remettre une évaluation complète avant le 1er octobre 2025 pour une expérimentation complexe est irréaliste et ne permet pas une analyse sérieuse des impacts à long terme ;
LES SYNDICATS MIS DEVANT LE FAIT ACCOMPLI :La note prévoit de présenter une « évaluation nationale » aux organisations syndicales « avant la fin de l’année ».
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⛔️ Il ne s’agit pas d’une proposition/négociation, mais d’une simple information. La CGT n’accepte pas ce « dialogue social ».

La CGT continuera à vous informer quant aux manœuvres de l’administration qui sous couvert de pseudo concertation remet en cause systématiquement les qualités de vies des agentes et agents de nos ministères.

Nous contacter : fd.equipement@cgt.fr

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